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Libération

«Vidéosurveillez-moi pas»

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publié le 19 septembre 2009 à 0h00

La mésaventure miteuse de Brice Hortefeux pourrait avoir un avantage : faire réfléchir le ministre de l’Intérieur à la vidéosurveillance, cheval de bataille de la droite dans la lutte sécuritaire. Il constate aujourd’hui que le fait de tout filmer et enregistrer est également susceptible de créer de l’insécurité, ne serait-ce que pour son job. A ses yeux, il n’a rien dit de mal, et c’est vrai que sa phrase peut être employée en mille occasions. «Il faut toujours un boute-en-train féru d’humour auvergnat. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes.» «Il faut toujours un abruti comme ça au gouvernement. C’est quand il y en a beaucoup…» Et Nicolas Sarkozy lui-même n’a-t-il pas pensé «Il faut toujours un ami comme ça. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes» ?

Le principe de la vidéosurveillance est de protéger chaque bout de trottoir comme s’il s’agissait d’une banque où, au demeurant, les malversations les plus considérables semblent avoir échappé aux caméras (mais pas au marché). A terme, comme ceux des émissions de téléréalité de TF1, tous les contrats de citoyens devraient être requalifiés en contrats de comédiens, puisque nous aussi on passera à la télé, quoique avec un audimat réduit au minimum. A quelqu’un qui nous regarde trop, on ne dira plus «Tu veux ma photo ?» mais «Tu veux ma vidéosurveillance ?» «Vidéosurveillez-moi pas», diront, en des circonstances différentes, aussi bien les jeunes que le ministre. Afin qu’on ne perde rien de ce qui se