En attendant qu'un nouveau Rudyard Kipling écrive un autre Livre de la jungle, cette photographie est comme celle d'un casting qui aurait déjà trouvé le personnage principal. Le voilà en effet le Mowgli contemporain, expulsé du lieu-dit «la jungle», dans la zone portuaire de Calais. On voit bien qu'il est en larmes ce garçon afghan, alors que sa jeunesse aurait mérité qu'on lui tende la main et pas le bâton, qu'on lui fasse plaisir au lieu de le faire pleurer. Pauvre Mowgli, pauvre «petite grenouille».
Dans le reportage publié par Libération le 23 septembre, notre envoyée spéciale à Calais rapporte que cette tristesse ne tient pas qu'à l'intervention policière : Quelques jours avant la descente de police, un des garçons afghans expliquait : «La nuit, on entend les plus jeunes pleurer. Leur mère leur manque.» Qu'est-ce que le ministre Besson a prévu pour ça, cette tristesse inconsolable, ce sentiment d'abandon ?
C’est une image décourageante, désarmante aussi. Car on ne voit pas que le policier qui fait face au jeune homme soit particulièrement agressif ou fier-à- bras. On ne distingue pas bien son visage sous la casquette réglementaire ni ses yeux qui regardent ailleurs. Du coup, on se demande : Est-il beaucoup plus vieux que le jeune qu’il est en train de «démanteler» ? Pourrait-il être son grand frère, son ami ?
Espérons (rêvons ?) qu'«obéissant aux ordres», le policier fut embarrassé, voire désolé, de mener cette «courageuse» opér