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Libération

Polanski, révélateur d’ouvertures

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publié le 2 octobre 2009 à 0h00

«La dernière affaire dont on parle» : ainsi Libération titrait-il mercredi le suivi des réactions à l'interpellation du cinéaste Roman Polanski, samedi à Zurich, et l'on n'aurait su mieux dire. Car on en parle, en effet, et tant et tant que l'on ne sait plus de quoi l'on parle. C'est que, plus people que le côlon de Johnny H. et plus décisive que le sommet du G20, l'affaire Polanski, aux fumeux et sulfureux relents de «pédophilie», comme on dit, mélange les genres et confond les valeurs. Parlons-en, alors, de la perception d'une affaire qui, de propos de zinc en tribunes autorisées, identifie un désarroi comme la chose la mieux partagée du monde.

Au premier jour, les voix paradoxales des deux ministres en exercice Frédéric Mitterrand et Bernard Kouchner, auxquelles allait faire écho celle de l’ex, Jack Lang, énoncèrent quelques évidences qui auraient pu ou dû faire taire toute objection. De fait, trente-deux années après un crime supposé et que plus aucune plainte n’étaye, le vicieux traquenard tendu par le procureur général (élu) du comté de Los Angeles et la complicité (vicieuse) des autorités judiciaires helvètes avait légitimement de quoi choquer. Il est cependant dommageable, pour la clarté du débat et pour Polanski lui-même, que ses flamboyants défenseurs (auxquels la confusion des temps ouverts prête encore une très vague et intime «conscience de gauche») aient limité leur plaidoyer à l’expression d’une indignation de caste, pour ainsi dire,