Si la vengeance est un plat qui se consomme froid, Roman Polanski sait désormais que la justice se déguste congelée. Trente-deux ans, c’est la plus longue baise de l’histoire du cinéma. La France a protesté mais, chez nous aussi, on allonge dans l’allégresse générale les périodes de prescription pour tout ce qui concerne les crimes sexuels. Toutefois, ce qui choque, dans le cas de Samantha Geimer, est que la victime elle-même ne se considère plus comme telle. Certains diront que c’est parce qu’elle aurait reçu de l’argent du cinéaste. Mais justement : si la pédophilie est aujourd’hui perçue comme un crime contre l’humanité, c’est que les victimes subissent un préjudice incalculable. Si, dollars aidant, ce préjudice devient calculable, c’est une bonne nouvelle. Il faudrait se renseigner auprès de Roman Polanski pour connaître le montant de la transaction. Ce gouvernement qui donne tant d’argent aux banques n’a qu’à en donner aux victimes. Elles ont été flouées ? Il n’y a qu’à les renflouer.
Tant mieux que des personnalités du spectacle soutiennent Roman Polanski. Mais il faudrait qu’elles défendent aussi tous les accusés dans des cas semblables. Foin du corporatisme sexuel : on ne s’attend pas à une grève de la SNCF si un cheminot est arrêté pour pédophilie et, si un pâtissier est incarcéré pour la même accusation, le ministre français de la Pâtisserie - ou, d’une façon plus générale, de la Gâterie - va-t-il téléphoner à son homologue américain pour lui dire : «A cause de vous