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Libération

Grand emprunt, peau de lapin

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publié le 14 novembre 2009 à 0h00

Depuis que Nicolas Sarkozy a sorti «le grand emprunt» de son chapeau, on est un peu empruntés devant cet emprunt empreint d'un vague considérable. On pourrait se dire : «Vivement le grand emprunt, qu'on s'en foute jusque-là. On va tous se gaver», et espérer que, telle une cagnotte, on l'aura pour Noël. Le pouvoir va emprunter aux banques qui ont emprunté au gouvernement, pas con. C'est un jeu de «Je t'emprunte, tu m'empruntes par la barbichette, le premier des deux qui coulera aura une fameuse tapette». Il ne faudrait pas que ça tourne comme l'emprunt russe et que l'emprunteur file à l'anglaise : au moment de rembourser, pschitt le grand emprunt. Un grand prêt aurait été un meilleur nom, on aurait plus eu le sentiment qu'on allait en profiter.

Comme a été inventé le mot grantécrivain pour désigner autant une posture qu'un talent, nous voici donc avec un grantemprunt. Si on ne voit pas encore bien en quoi il consiste, on comprend de quoi il est le contraire : d'un petit emprunt. Ce n'est plus l'époque des pièces jaunes, voici le temps des gros billets. Avec Nicolas Sarkozy, on n'est pas dans la menue monnaie, on voit la rupture. Le grand emprunt, c'est l'emprunt bling-bling, d'une façon ou d'une autre on va tous mettre la main à l'emprunt. Il y aura toujours des grincheux pour réclamer plus d'écoles et plus d'hôpitaux avec cet argent mais ces milliards pourraient aussi servir à fluidifier les relations sociales dans les grandes largeurs. Et puis, qu'