Samedi

Nation

Dans quelques instants, quatre-vingt-dix minutes d'identité nationale à Croke Park. Le voyage et son issue déchirent la France. Fanatiques du ballon rond, amateurs du dimanche, nostalgiques d'une époque victorieuse, femmes tricolores, gosses nés après 2000, anti-Domenech, casseurs, patriotes, sceptiques, brokers, grippés sous Tamiflu, fashion victims en Adidas, celles en contrefaçon, Trezeguet, Cheyrou, brillants non-appelés du contingent de l'omniscient coach, Eric Besson qui se rêvait patron de club, Olivier Besancenot qui aime le foot autant que la révolution, Martine Aubry qui veut limiter l'entraînement à 35 heures, Rama devenue aussi populaire que Zinédine depuis ses coups de boule médiatiques, M6, sponsors, équipementiers, agents, Ligue, FFT, éditorialistes, journalistes sportifs, parieurs en ligne, instituts de sondage, Français expatriés en Afrique du Sud… Le onze de départ entre dans l'arène. Bronca irlandaise. Les visages sont vissés, les ischio-jambiers tendus, les cœurs noués aux crampons. La Marseillaise retentit dans la fraîcheur de Dublin…

Dimanche

Suicide or not suicide ?

«Il y a longtemps que j'ai arrêté d'écouter ce qu'on dit sur moi, sinon je me serais suicidé.» Domenech a l'habitude des phrases provocantes. Il n'aime pas répondre aux questions des journalistes, il n'aime pas causer tactique, il n'aime pas parler football. Il aime les sourires narquois sur du silence, il aime b