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Libération

Un monde appart

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publié le 28 novembre 2009 à 0h00

Ce n'est ni l'idée ni l'image qu'on se fait du Texas. Qui plus est quand on sait que cette photographie a été prise au lieu-dit Fort Hood. La faute aux westerns. D'autres imaginations se lèvent, entre John Wayne faisant le coup de feu contre les infâmes Mexicains dans Alamo, et les vaillantes Tuniques bleues massacrant de l'ignoble Apache. C'est cependant le sifflement des balles qui hante la bande-son de l'image. Ce bout d'appartement est celui du commandant Nidal Hasan qui, le 5 novembre, a tué 13 personnes et en a blessé une trentaine d'autres sur la base militaire de Fort Hood. Du coup, on scrute ce désert immobilier qui n'est pas le lieu du crime, mais le lieu du criminel. Pourtant, rien que d'ordinaire. La désaffection habituelle d'un logement quand il oscille entre aménagement et déménagement.

Pour y détecter des anomalies signifiantes, il faut sortir la loupe. Et réaliser par exemple que la bande de papier collant jaune qui a été fixée à droite sur la porte n'est pas destinée à contrarier une fuite d'eau ou barrer l'accès à des WC rebelles, mais bel et bien un empêchement policier dont les flics américains usent pour interdire que le quidam vienne mêler son ADN à celui du présumé coupable. Sur la porte, pour que cela soit dit aussi, une main a écrit au feutre : Do Not Open. Ne pas ouvrir. Cette injonction alerte, entre Mystère de la chambre jaune et boîte de Pandore. Qu'est-ce qui se cache derrière cette porte, quel danger justifie qu'on ait