Tsunami, mon amour. Duras aurait pu l'écrire, mais, le dimanche 26 décembre 2004, quand la vague ravagea l'Asie, secouant les côtes d'Afrique et d'Océanie et tuant plus de 200 000 personnes, l'auteur d'Un barrage contre le Pacifique est mort depuis huit ans. La catastrophe fait prendre conscience au monde que désormais il est plus que solidaire : il est uni. Et comme rétréci. Par la peur et l'information presque instantanée du désastre. La mélancolie planétaire est née. Le tourisme vient au secours de la compassion dépressive : sans Noël, sans vacanciers occidentaux broyés dans la boue, le choc psychologique international serait moins rude. Deux siècles et demi plus tôt, le tremblement de terre de Lisbonne avait permis à Voltaire de déplorer l'absence de Dieu et l'indifférence mauvaise de la nature, à Rousseau de déplorer le manque de prévoyance et l'arrogance des hommes. Les deux avaient raison, le tsunami les réconcilie. De même que le 11 Septembre ouvre le siècle politique, le tsunami ouvre le siècle climatique. On dirait un modeste plat à base de serviettes parfumées et de poisson cru. Le mot, daté par le Robert de 1915, vient d'ailleurs du japonais tsu (port) et nami (vague). C'est «un raz de marée, sur les côtes du Pacifique», né d'un tremblement de terre. Depuis 2004, il a largué ses amarres étymologiques : tout le monde gémit pour tsunami. Le plus ancien répertorié vient de Grèce : suite à l'explosion du volcan de Santorin
Tsunami
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par Philippe Lançon
publié le 31 décembre 2009 à 0h00
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