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Libération

L’ange de la désolation

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publié le 16 janvier 2010 à 0h00

En cas de malheur, on se demande toujours comment un photographe peut agir. Se retrancher derrière son appareil, inventer l’objectivité de son objectif. Thony Belizaire, l’auteur de cette photographie prise à Port-au-Prince dans la matinée de mercredi, a un «avantage» sur les dizaines de photoreporters qui sont en train de pleuvoir sur l’île sinistrée. Correspondant photographique de l’Agence France presse, Thony Belizaire est surtout haïtien. On peut donc supposer qu’il a vécu le tremblement de terre en direct et ressenti cette perdition, lorsque ce qu’on croit la chose la plus stable du monde, la terre, se met à défaillir. Thony Belizaire a aussi une certaine sensibilité à la misère locale et n’a pas attendu l’agrandissement d’une catastrophe naturelle pour en rendre compte. En 2007, la terre devait métaphoriquement déjà trembler sous ses pieds quand, sur le thème de «la vie dans les villes», il effectua un reportage (primé par le Fonds des Nations unies pour la population, l’UNFPA) dans une agglomération à la sortie Nord de la capitale haïtienne cruellement baptisée Cité Soleil, puisque insalubrité, malnutrition et proxénétisme y font rage.

C’est sûrement cette autochtonie qui fait la dignité, l’humanité et surtout l’intelligence de cette image. Qui a valeur militante puisque sa partition entre un très proche et un très lointain interroge les passions mises en jeu par cette mise en spectacle des malheurs du monde.

Au premier plan, préposée à l’identification, parce que reco