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Libération

Voile et rigueur, intégralement (jusqu’à la lie)

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publié le 5 février 2010 à 0h00

La paille des mots

Ne croyez pas Besson. Ne croyez pas Fillon non plus. Ne croyez pas que, parce que fut mardi ajourné sine die le «grand colloque» (avec discours du chef de la Nation et tout le tintouin) conclusif du débat sur «l'identité nationale», on en aurait fini avec cette saloperie. Identité-sécurité, les mamelles de la République en vrac, crachent leur venin dans toutes les têtes, et tous ceux-là qui avaient juré ne pas s'y faire prendre s'y engluent de jour en jour un peu plus.

Ça instrumentalise à tout va. Les socialistes qui devaient le boycotter le voient ressurgir avec l'identité septimaniaque de leur Georges Frêche, lequel nous fait en région ce que le ministre Besson bricole avec la nation, et les socialistes s'avisent un peu tard qu'il demeure ce que toujours il fut. Chacun sa croix, chacun sa merde. Même Mélenchon se fait piéger, qui rallie les prohibitionnistes du voile par la loi, et Besancenot à sa façon itou, qui le remet sous les sunlights en présentant en Paca une candidate dont on saura surtout qu'elle est voilée - au risque de réduire son être, fût-il révolutionnaire, féministe et laïque, à son fichu chiffon. Le vicieux Besson reçoit cinq sur cinq et, ce même mardi, décrète le refus de naturalisation d'un homme imposant «manifestement» à sa française d'épouse qu'elle se couvre intégralement. Où il est définitivement établi que l'avatar voile prendra le relais de l'identité nationale.

Et c’est reparti. Tandis que l’on