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Libération

Du bled à l’ENA

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publié le 27 février 2010 à 0h00

Aurait-on raté une marche de l’histoire de France ? Cette photographie, prise en 1936 dans un café de la région parisienne, représente en effet quelques membres de l’ENA. Or ce n’est pas exactement l’idée qu’on se fait des élèves de la prestigieuse Ecole nationale d’administration. Et pour cause. Cette dernière a été fondée en 1945 par ordonnance du gouvernement provisoire de la République présidé par de Gaulle. L’ENA de 1936 désigne l’Etoile nord-africaine - association créée à Paris en juin 1926 par des travailleurs algériens émigrés en France - qui, notamment sous l’impulsion de Messali El Hadj, réclamait l’indépendance de l’Algérie et des autres colonies françaises, l’abolition du régime de l’indigénat qui faisait des natifs des sous-habitants.

La photo de 1936 fait donc tilt avec l’arrivée au pouvoir du Front populaire. On imagine qu’à cet instant de progrès politique et social, les choses s’arrangent pour les militants de l’association nord-africaine clandestine dissoute en novembre 1929. Or, pas vraiment. Certes le projet de loi Blum-Violette (Violette, du nom de l’ex-gouverneur de l’Algérie) visait à ce que des milliers d’Algériens puissent devenir citoyens français. Mais ce projet ne concernait que les élites algériennes et fut dénoncé par l’Etoile nord-africaine comme une péripétie visant à diviser le peuple algérien et à renforcer le principe selon lequel l’Algérie n’était qu’une province française.

En janvier 1937, l’Etoile disparaît de nouveau, éteinte par le gouv