Tous sinistrés
C’est toujours les pauvres qui paient, voilà ce qui d’emblée sauta aux yeux, voilà ce qui nous saute à la gorge - pour mordre : en milieu de semaine, et avant l’ordinaire polémique sur la prévisibilité (établie depuis trop longtemps) d’un tempétueux désastre, remontait, de nos petites New Orleans picto-charentaises aux digues débordées, un «formidable élan de solidarité», qui est une bien belle chose. La solidarité individuelle et de proximité aux élans allant, c’est ce qui croît et prospère au rythme inversement proportionnel de celle, censément organisée, d’un Etat qui se délite. Oh, bien sûr, ce n’est pas Haïti, mais tout de même…
Depuis l'antique Téléthon, toutes sortes de causes en thon ont fleuri pour organiser la solidarité en taxe indicible, en impôt volontaire, en fiscalité fatale appelée à suppléer les carences de feu le «modèle social français». Je ne sais combien de temps auront mis les sous-traitants d'ERDF pour rétablir l'électricité dans un million de foyers (il en restait hier quatre milliers éteints), mais certainement pas moins que ceux de la Poste, en rude voie de privatisation, pour me livrer mon courrier. Soit bien plus que nécessaire, au regard des obligations de service public. Et puis, un jour vient où la solidarité du pauvre au pauvre, ça ne marche plus. Trop de chômeurs et trop de pauvres, promis demain à un régime à la Grecque…
En attendant, tandis que les dégâts de Xynthia s’estimaient à la louche en milliards