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Libération

La poésie et le féminin

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La Semaine de Marie-Claire Bancquart.
par Marie-Claire Bancquart, poéte
publié le 13 mars 2010 à 0h00

Samedi

Vivre dans l’absurdie

Préserver l’environnement, proclamer un jour de la semaine «jour sans viande»… Prévoir ce jour-là un plat de pommes de terre OGM. Nous n’avons pas fini de vivre dans l’Absurdie où nous a conduits la mode écolo conjuguée à des expériences chimiques sur l’aliment ! Un(e) poète doit s’en chagriner d’autant plus, que manger émeut tous nos sens, si précieux pour écrire : odorat, goût, toucher ; même l’ouïe (ce qui frit, bout). Je me console en partant pour la rue Lecourbe. Etalages divers de nourritures, gais comme leurs marchands ; secret d’arrière-cours plantées d’arbres. Dans l’une, des bouleaux entourent deux petits bulbes bleus sur une église russe en planches. Evocations : les émigrés russes des années 1920, établis près des (défuntes) usines Citroën ; le tracé de la rue Lecourbe, qui fut la route romaine de Paris à Meudon… J’aime Paris, dans son présent et sa mosaïque de passés. Ils allongent notre vie et la tranquillisent, chuchotant que nos folies ne datent pas d’hier.

Dimanche

Profession Poète

Les mots «profession : poète», lus aujourd’hui dans un journal. Une «profession» demande des études spécialisées, si courtes qu’elles soient, des résultats définis, un paiement. Un «poète» l’est par tempérament, et par des voies d’étude qui ne sont pas calibrées ; ses résultats sont aléatoires. Gagner sa vie avec eux serait-il souhaitable ? Quand les mécènes étaient des individus