SAMEDI. MA PROMESSE ÉLECTORALE
Elle est simple : demain j’irai voter. C’est promis. J’irai voter comme un athée va faire sa prière. Car je ne crois plus au pouvoir. Le réel est là, nous le vivons tous, il pèse et oppresse, et les promesses que nous entendons sont irréelles. J’entends des cuisiniers affirmer qu’ils nous préparent une omelette sans œufs. Il est donc inutile que je me mette à table, même si j’ai faim. Le pouvoir politique est un fantôme qui rôde encore dans nos couloirs, donnant des ordres à d’autres fantômes, qui font semblant de les entendre. Il ne peut secourir que ceux qui le manœuvrent, ou qui le soutiennent. Il est une apparence, un masque, incapable d’aider comme de châtier. Il se nourrit de sa propre illusion.
Demain j’irai voter.
DIMANCHE
ASSIS À LA TERRASSE
Le dimanche matin, en famille, nous allons faire un tour rue des Martyrs, près de chez nous. Réservée, ces matins-là, aux piétons. Ma fille promène les chiens de la fleuriste, qui, chaque semaine, lui offre une rose. Ma femme fait des courses. Elle connaît le poissonnier, le boucher, elle m’emmène parler littérature chez notre fromagère. Notre marchand de fruits et légumes, qui est tunisien, nous conseille des dattes israéliennes. Nous nous asseyons à la terrasse - chauffée - du bar-tabac. Beaucoup de passants se saluent, s’embrassent même. Des enfants courent un peu partout. C’est bobo, mais également populaire, mêlé, avec des musiciens de rue qui posent leur béret par terre, et des mendiants roumains