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Libération

Ouf, les marchés sont rassurés !

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La Semaine de Denis Podalydès.
par Denis Podalydès
publié le 15 mai 2010 à 0h00

Samedi

Mémoire au travail

Dans l'ascenseur, j'apprends deux vers de Richard II : «Dis-toi mon âme que nous avons vécu hier un rêve heureux./ Au réveil, ne reste de nous que la vérité.» Deux fois je bute sur la double assonance : «hierunrêve/auréve», et je m'empêtre : «nous avons viécu un rieve…» ou «nous avons vécu un rêve heureux» - ah tout va bien - «au riéveil…» Eh merde. Arrivé au neuvième, je laisse tomber. Apprendre, oublier, y revenir, oublier encore, rabâcher, ressasser. Ingratitude de la mémoire au travail. Espèce d'adolescent mou qui rechigne, gnagnagna. Et pourtant, le jour dit, ce sera un athlète affectif musculeux et fluide dont j'aurai à la fois incorporé et oublié l'énergie prodigieuse et constante.

Dimanche

Raï l’enchanteur

Dimanche à Chatou. En famille, nous fêtons une tripotée d’anniversaires. La grande difficulté à se réunir fait que nous ratissons les différents anniversaires sur trois mois, et après multiples concertations, on définit une date, on tâche de s’y tenir, on s’y tient, on célèbre.

Le soir, émotion jusqu’aux larmes. Devant quoi ? Le documentaire sur le Paris-Saint-Germain : l’hommage du Parc au Brésilien Raï, qui, à son dernier match, pleure, pleure son saoul, tandis que le public le chante. Il faut dire que les Brésiliens sont les enchanteurs. La délicatesse de leurs gestes, leur fragilité me les rendent infiniment émouvants et précieux. Je sais aussi