Ce qui est pénible avec la pénibilité, dans l’affaire des retraites, c’est sa définition. Sur le fond, tout le monde est d’accord que ceux qui auront eu les pires boulots cessent de travailler les premiers, la question est de déterminer ce que sont ces pires boulots. On nous explique qu’on va se retrouver devant des situations curieuses si on prend en compte l’espérance de vie. Selon les statistiques, ceux qui auront exercé leur activité en Franche-Comté auraient alors le droit de partir en retraite avant ceux qui auront fait le même travail sur la Côte-d’Azur. Et puis la parité en prendrait un coup si les femmes, qui vivent plus longtemps que les hommes, étaient contraintes de travailler des années en plus pour une retraite semblable. Il paraît aussi que les conducteurs de TGV devraient leur retraite plus précoce à ce qu’elle était naturelle aux chauffeurs lorsque les trains fonctionnaient au charbon. S’il faut revoir les calculs à chaque progrès technologique, ça ne contribuera pas non plus à rendre le système lisible.
Il semble pourtant qu’il y a un moyen assez simple de graduer cette pénibilité. On pourrait imaginer vivre dans des sociétés où ceux dont la profession est la plus excitante gagneraient moins que ceux pour qui elle est la plus éprouvante - cette péréquation serait somme toute une forme de justice. Mais ce n’est absolument pas le pli que prennent les civilisations à aucune époque, et encore moins durant une période dite libérale. Lorsque gagner plus est le mus