Il faisait chaud en Ukraine dans la nuit du 25 au 26 avril 1986. La plupart des 49 000 habitants de Pripyat dormaient donc les fenêtres grandes ouvertes. Vers 1h20, le bruit d’une explosion violente les tira de leur sommeil. A deux kilomètres de Pripyat, le réacteur numéro 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl vient de sauter. Les habitants se mettent à leur fenêtre pour observer le bien nommé sinistre, le nuage noir de l’incendie, la lueur bleutée qui s’échappe du cœur éventré de la centrale. Certains montent sur le toit des immeubles pour mieux voir. Puis tous vont se recoucher pas plus inquiets que ça puisqu’aucune autorité ne les prévient qu’ils viennent d’être exposés à des doses massives de radiations mortelles. Le lendemain, 26 avril, la vie reprend son cours dans cette ville modèle, moderne selon les critères soviétiques, c’est-à-dire tirée au cordeau des blocs d’immeubles en béton, bien pourvue en cinéma, théâtre, piscine, terrain de sport, parc de loisirs et grande roue. Neuf cents élèves participeront même à un «marathon de la paix» qui fait le tour de la centrale. L’évacuation de Pripyat ne commencera que le 27 avril sans que les responsables informent les habitants sur le motif de leur exode. Depuis, Pripyat est une ville morte en zone interdite.
Sur cette photographie, prise en 2006, ça se voit. Les portes ouvertes, les fenêtres béantes, les seuils ruinés sont autant de stigmates d’une dévastation qui a contaminé jusqu’à la pierre. On suppose aussi l’action d