Comme nous avons sur le feu une crise majeure et le projet de réforme des retraites qui en prend prétexte, tout le reste, censé confronter quotidiennement le citoyen avec la pratique démocratique, s'en trouve comme dispersé, occulté, éclaté, sinon censuré. Il fallait en effet une puissante tétanisation des esprits pour que la condamnation du ministre de l'Intérieur Hortefeux pour injure raciale à l'endroit des Arabes suscite un si discret émoi. On aurait été volontiers preneur, à tout le moins, d'un «grand débat national» sur l'opportunité de conserver au gouvernement le préposé au Kärcher, qui, voilà à peine deux semaines, concluait un entretien qu'il donnait au Monde (daté des 30-31 mai) par ces fortes paroles : «Notre objectif, au final [sic], est de construire ensemble la nouvelle harmonie française [sic]. Chacun a le devoir d'y contribuer.»
Au lieu de quoi nous fut servi un concert d'indignation suscité, non par les mots du ministre, mais par l'arrêt du tribunal correctionnel qui les condamnait. Que les aboyeurs ordinaires du sarkozysme godillot en aient donné le ton ne surprit pas. Que des aspirants à leur opposition aient cru bon de leur faire écho en bafouillant tour à tour que Hortefeux «n'est pas raciste» (Tiens, donc !), qu'il avait fait appel (et alors ?) ou que ses propos, tenus au grand air de l'université d'été de l'UMP, n'avaient pas été «publics» (Ben voyons…), avait quelque chose de désespérant. De ces su