L'argent, ce sont ceux qui en ont le moins qui en parlent le mieux. Et ce sont ceux qui en ont le plus qui en parlent le moins. Angela Merkel, Jérôme Kerviel et la Société générale, Rama Yade et l'équipe de France de football, c'est en tout cas le sujet qui fâche. Les Allemands, ils sont comme Agnan dans le Petit Nicolas. On comprend leur mécontentement : eux, ils ont fait leurs devoirs et ils sont pris quand même dans la punition collective. Ce sont les fayots sur qui on ne peut même pas taper parce qu'ils ont des lunettes, c'est-à-dire du crédit. Mais ils ont beau être les premiers de la classe, personne n'a envie de copier sur eux. Ils sont comme le garçon qui a gagné toutes les billes pendant la récréation et à qui, quand sonne la cloche, on dit : «On partage.» «Tricheurs», ont-ils envie de répondre. Ils sont comme une mère qui dirait à ses enfants grecs : «Je vous avais dit de ne plus jouer avec le chéquier. Et le petit dernier a encore volé la carte bleue.»
Ils sont cool, les actionnaires de la Société générale. Il y a des entreprises où ça aurait fait du ramdam si on avait perdu cinq milliards. Là, on se contente de demander à Jérôme Kerviel de rembourser jusqu'au dernier centime. Les Grecs devraient faire pareil, que leur dette soit à la charge exclusive du précédent gouvernement. Et bravo aussi aux clients de la Société générale, voici des gens fidèles. Après la vieille affaire du Crédit Lyonnais, il est vrai que tout ça n'incite pas à changer de banque - si