C'est Eric Woerth qui parle : «Est-ce que j'ai, dit-il en substance, une tête à favoriser l'évasion fiscale (variantes : la carrière de ma femme, la fortune de Bettencourt ou les lingots de l'héritier Peugeot) ?» Longtemps, il répéta ça sur toutes les ondes et sur tous les tons : en gros, qu'il faudrait le croire sur parole, avec sa bonne gueule pour tout viatique. «Est-ce que j'ai une tête à… ?», on voit bien comme la question à prétention d'argument est misérable, qui invoque le délit de faciès pour tenter d'inverser la charge de la preuve, au prétexte d'un hypothétique «harcèlement». Elle vaut pourtant qu'on s'y attarde.
Quand Woerth prit du galon gouvernemental, sachant peu alors de sa carrière alternant, pour les mieux marier à la trésorerie du parti présidentiel, ambitions publiques et revenus privés, je regardai ce mélange d'austérité tranquille et de bonhomie aiguë comme un accident de sarkozysme égaré dans la vulgarité grasse et clinquante identifiant les courtisans du premier cercle. Peu s'en fallut, même, que je prisse l'alors ministre du Budget pour un transfuge socialiste. C'est que, candide, je me fiais à sa bonne mine. Le souvenir lointain d'un volume des aventures de Lucky Luke identifiant dans le juge Roy Bean «une crapule avec une tête d'honnête homme» aurait pourtant dû m'alerter : la physiognomonie n'est pas une science exacte.
Vint l'affaire de l'argent de la vieille, et soudain, j'en appris de belles,