Samedi
J’essaie toujours
J’ai commencé à écrire un journal en juin 1967, quand Israël a occupé le reste de la Palestine. J’allais avoir 16 ans et le monde s’écroulait autour de moi. J’écrivais pour tenter de trouver du sens à ces changements. Je tiens toujours un journal. J’essaie toujours de comprendre.
Dimanche
Silhouettes en carton
Comme toutes les semaines, je me suis réveillé tôt pour aller me promener avec des amis. Dans les collines sèches et brûlées, la brume du matin emplissait les oueds de petits lacs vaporeux. Nous avions vérifié la veille sur Google Earth que de nouveaux villages israéliens n’avaient pas poussé sur notre trajet. Nous avons donc roulé vers le nord, dépassant quatre colonies qui dominent les collines et trois postes de contrôle. Situé en pleine Cisjordanie, le poste d’Atara est constitué de grands blocs de béton sale et d’un mirador surmonté d’un drapeau israélien en lambeaux. Il semblait déserté. Parfois, les soldats placent des silhouettes en carton derrière les fenêtres pour nous faire peur. Mais j’ai vu une main fermer la fenêtre aux carreaux verts.
Le long du chemin, des oliviers vert argent bordaient les collines en terrasses. Là où la terre n’avait pas été labourée, l’herbe sèche et dorée bruissait sous la brise. Nous longions le lit asséché de la rivière qui serpentait le long des petites collines. Nous marchions en silence, attentifs aux gloussements des faisans et aux odeurs de