Samedi
Rigueur, piège à con
«Au Japon, François Fillon ose le mot "rigueur"» (le Monde, 17 juillet). Ainsi les médias peuvent-ils se rengorger : le gouvernement avoue enfin la véritable nature de sa politique. L'enjeu pour la communication politique est en général d'imposer un mot qui a le moins de rapport possible avec la réalité qu'on entend lui faire désigner («restructurations», «réformes», etc.). Le mot «rigueur», à ce titre, est un cas d'école. Un jour, «rigueur» a remplacé «austérité» (sous un gouvernement socialiste, en toute justice).
Dans les discours politiques, tout est question de connotation. «Rigueur» est évidemment préférable à «austérité» parce que là où le second terme évoque l’absence de plaisir élevée au rang de principe, le premier renvoie à une forme de fermeté, un peu sévère certes, mais dont la connotation positive n’a pas échappé à Nicolas Sarkozy qui a su finement, dans son entretien avec David Pujadas, rediriger le substantif vers sa forme adjectivale : «rigoureux». Pour faire court, «austère», ça fait triste, mais «rigoureux», ça fait sérieux. Le gouvernement a donc tout intérêt à ce que le débat sur sa politique se résume à cette formulation : rigueur ou pas rigueur ? Tant que les journalistes font une fixation sur ce mot, ils n’emploient pas ceux qui seraient plus à même de définir la politique actuelle : désengagement, démantèlement, démission, par exemple.
Je rêve qu'un journaliste demande à n'im