Menu
Libération
TRIBUNE

Le gaucher Billy the Kid, le roi Macbeth et le ministre qui sauve sa peau

Article réservé aux abonnés
La Semaine de Laurent Binet
par Laurent Binet
publié le 24 juillet 2010 à 0h00

Samedi

Rigueur, piège à con

«Au Japon, François Fillon ose le mot "rigueur"» (le Monde, 17 juillet). Ainsi les médias peuvent-ils se rengorger : le gouvernement avoue enfin la véritable nature de sa politique. L'enjeu pour la communication politique est en général d'imposer un mot qui a le moins de rapport possible avec la réalité qu'on entend lui faire désigner («restructurations», «réformes», etc.). Le mot «rigueur», à ce titre, est un cas d'école. Un jour, «rigueur» a remplacé «austérité» (sous un gouvernement socialiste, en toute justice).

Dans les discours politiques, tout est question de connotation. «Rigueur» est évidemment préférable à «austérité» parce que là où le second terme évoque l’absence de plaisir élevée au rang de principe, le premier renvoie à une forme de fermeté, un peu sévère certes, mais dont la connotation positive n’a pas échappé à Nicolas Sarkozy qui a su finement, dans son entretien avec David Pujadas, rediriger le substantif vers sa forme adjectivale : «rigoureux». Pour faire court, «austère», ça fait triste, mais «rigoureux», ça fait sérieux. Le gouvernement a donc tout intérêt à ce que le débat sur sa politique se résume à cette formulation : rigueur ou pas rigueur ? Tant que les journalistes font une fixation sur ce mot, ils n’emploient pas ceux qui seraient plus à même de définir la politique actuelle : désengagement, démantèlement, démission, par exemple.

Je rêve qu'un journaliste demande à n'im