Samedi
Un gratte-ciel vulnérable
Tiens, je commence à m'exprimer ici pile un jour où je voudrais me taire. Je sors d'un déjeuner, conversation avec des gens qu'en plus je connais à peine, et qui ayant fait le tour des tours, sont naturellement passés à Barack Obama : «Le bilan, c'est qu'il n'aura été qu'un feu de paille», ils disaient, un vilain filet de bave jouissive à la commissure des lèvres. Ah, il fallait les voir lui diagnostiquer l'échec, au président inespéré des Etats-Unis. C'est fou, tout ce que les gens prédisent de sordide avec leurs sales petits yeux qui brillent, on dirait qu'ils l'espèrent. Une phrase de Jean Cocteau sur la gloire : «On vous enduit de miel et après les fourmis vous mangent.» On croirait vraiment une civilisation qui sabre tout ce qui s'élève et dépasse. Comment un héros peut-il émerger de tout ça ? Moi aussi, je veux être une héroïne. Suis-je capable de faire rempart de mon corps pour arrêter ces pythies funestes ? Est-ce que mon corps compte ? A mes yeux, en tout cas, compte beaucoup celui de Barack Obama, parfois sa manière même de pencher me renverse. C'est un gratte-ciel vulnérable.
Dimanche
«C’est quoi, "lapider" ?»
Je suis chez ma vieille maman de 86 ans, en train de lui préparer à déjeuner, quand je reçois le coup de fil d'une amie qui se rend place de la République, pour Sakineh. Elle me propose de la rejoindre. Je ne peux pas laisser ma mère c