De tous les slogans arborés mardi, auto-collés sur les poitrines manifestantes, le plus concis et le plus signifiant clamait sobrement : «Le gouverneMENT». A la façon du pérenne «Rêve générale», né sur les boulevards du CPE, ou du revenant «Je lutte des classes» du printemps 2009, l'ellipse dit toujours une accélération. Sous les somptueuses bannières du Théâtre du Soleil, éminemment didactiques dans leurs citations des œuvres émancipatrices de l'humanité, l'inventivité rhétorique faisait à nouveau le lien entre l'histoire et l'instant. Quand elle devient ainsi créative, l'agit prop annonce un au-delà de la revendication ponctuelle - en l'occurrence, ce projet-prétexte de réforme des retraites… A ce titre, la contraction le gouverneMENT est radicale. Elle énonce - bien mieux : elle constate - d'évidence à la fois que le pouvoir (ce «mur prétentieux», comme disait joliment lundi Cécile Duflot) ment, et que nul n'est plus dupe de ses mensonges. Et, ce point acquis, qu'il est temps de ne plus perdre de temps à réfuter des mensonges devenus systémiques. Que le moment est maintenant venu de passer à autre chose.
C'est un fait : les Bussereau, Hortefeux, Fillon (qu'en est-il donc, de son émancipation sociale-chrétienne du sarkozysme brutal, à celui-là ?) et tous les autres, ne sont aujourd'hui plus audibles. Les cris d'orfraie qui prêtent au PS en général, et à Ségolène Royal en particulier, la capacité de jeter «les jeunes» dans la rue ne font plus que sourire, e