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Libération

Dans le roulis des jours

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La Semaine de Fatou Diome.
par Fatou DIOME
publié le 6 novembre 2010 à 0h00

Samedi. 

Dériver

J'attends de l'écriture qu'elle me libère - j'ignore de quoi, peut-être de tout ce qui fait de la vie un sac de sable sur les épaules. Et voici, qu'imprudente, j'accepte l'invitation de Libération qui m'enchaîne à la rédaction d'un journal alors que je n'ai jamais su écrire une ligne sur commande. D'où leur vient l'idée saugrenue de m'imposer une carte de navigation ? Si ma mamie maman était encore de ce monde, je l'aurais appelée afin qu'elle me rappelle les vertus de ce mot qui a tracé tous les chemins de la liberté : Non ! Seulement voilà, cela fait cinq mois que ma guide a pris des vacances définitives, laissant ma barque en plein océan, sans gouvernail. Dériver, c'est tout de même avancer. Avec ceux qui voudront bien me suivre jusqu'au bout de la semaine, nous voguerons dans le sillage des algues qui arrivent toujours à destination, sans GPS, et tirent leur saveur des eaux qu'elles traversent.

Dimanche

Relents de poisson pourri

Un sourire venu du Brésil réchauffe l’automne : Dilma Rousseff ! Plan panoramique : la foule joue des coudes. Une minute d’écran vaut-elle une côte fêlée ? Ils y penseront plus tard. Les flashs crépitent : Dilma Rousseff, première femme élue présidente du Brésil, en petit tailleur rose, avance sans aumusse jusqu’à son premier office. Devant les caméras du monde entier, elle déclare sa volonté d’éradiquer la pauvreté dans son pays. Je dis amen de bon cœur