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Libération

Le bouffon de la face

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publié le 6 novembre 2010 à 0h00

C'est une partie du corps de Silvio Berlusconi, président du Conseil italien, qui est photographié ici, le 2 juin 2010, lors de festivités romaines. Le cadrage et la noirceur du fond évoquent les Guignols de l'info, ce divertissement de Canal + où les personnalités du moment sont représentées par le buste de leur poupée grandeur nature. On se dit alors qu'au fil du temps, de liftings en divers bricolages chirurgicaux, le visage de Silvio Berlusconi, officiellement âgé de 74 ans, a fini par se confondre avec son effigie au point qu'il est à la fois l'homme et sa marionnette, sans qu'on puisse distinguer la copie du modèle. A ce titre un parfait simulacre. C'est-à-dire juste une surface, sans profondeur ni abîmes, comme celle d'une mer d'huile à peine ridée. On se demande quel effet cela fait de toucher ce faciès de caoutchouc, de l'embrasser. Le soir, pose-t-il son visage plastifié sur la table de nuit, le met-il à tremper dans le bain de quelque substance pharmaceutique censé le désinfecter et le reposer ? Que se passerait-il, quelle stupeur, si un cambrioleur lui volait la face et s'en parait pour encourager le prolétariat italien à l'insurrection révolutionnaire ou, sans doute plus efficace, à ne plus regarder les chaînes de télé du Cavaliere ?

On s’intéresse aux cheveux (mais de quelle matière ?) implantés et teints d’une couleur défiant les lois du Régécolor. On s’attarde sur le sourire trop plein de dents, sur le teint trop teinté. Le tout répondant aux canons c