Menu
Libération

Un problème de gicleur ?

Article réservé aux abonnés
publié le 13 novembre 2010 à 0h00

On a cru remarquer que le sport est pour beaucoup une affaire de corps : le plus grand, le plus fort, le plus musclé, le plus haut, le plus rapide, et conséquemment, bien souvent, le plus drogué. Car ce n'est pas naturel de nager plus vite qu'un hors-bord, de pédaler dans les descentes ou de soulever des montagnes de fonte. Quand les corps sportifs désertent le seul domaine de la performance pour servir d'affiche à quelque marketing, il est logique qu'une certaine pornographie s'en empare. A cet égard, la photographie du champion automobile Sebastian Vettel, prise dimanche dernier à São Paulo alors qu'il vient de remporter le Grand Prix du Brésil, est exemplaire. Parce qu'elle est à la croisée de deux chemins menant au même tiroir-caisse. La légende parle de «jouissance de la victoire pour Sebastian Vettel». On pourrait dire aussi qu'il la savoure.

Mais, avant de se pencher sur ce problème quasi mécanique de gicleur, on note d'abord que l'évidence de la jouissance concurrence une autre évidence, au point même de la contrarier. Qu'est-ce qui attire la rétine ? Tout ce qu'on peut lire. Tous ces noms de marques qui transforment la casquette et la combinaison du vainqueur en un triomphe de la publicité pour divers produits. On imagine en souriant les bagarres à coups de millions pour accéder au firmament plus visible que tout, le fronton de la casquette, ce bandeau sur fond rouge qui proclame, plus mystérieux que le «Rosebud» de Citizen Kane, «Pont de p