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Libération

Et maintenant, on remanie l’électorat ?

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publié le 20 novembre 2010 à 0h00

Nicolas Sarkozy a donc reconduit François Fillon - mais pas à la frontière, au moins celle du gouvernement, comme il a semblé en avoir l'intention. Le Président prétend que les mots «identité nationale» ont été mal compris. Attaqué sur son peu d'habileté dans le maniement du remaniement, il aurait pu arguer qu'il en était de même pour ce terme. Contrairement à un changement de gouvernement, un remaniement n'est pas fait pour apporter des bouleversements : il peut y avoir un changement de gouvernement où on conserve le même Premier ministre mais ce n'est plus un simple remaniement si on le remplace. En laissant au temps le temps qu'il ne fallait pas, Nicolas Sarkozy a fait parler son penchant d'enfant capricieux, celui qui répète «C'est moi qui décide, c'est moi qui décide» et qui, quand de guerre lasse on lui demande ce qu'il veut, ne trouve à répondre que : «Je ne sais pas.» C'est le comble du pragmatisme : n'importe quoi lui convient, pourvu que ce soit lui qui l'ait officiellement choisi.

En tant que ministre, Eric Woerth n'a pas survécu au remaniement. Selon une tactique audacieuse, on l'a gardé tout au long de la bataille des retraites, sans doute pour s'assurer qu'il y aurait plus de monde dans la rue tant l'ex-ministre du Travail était devenu un redoutable symbole du lien entre le pouvoir et l'argent, et, maintenant que la situation sociale paraît s'apaiser, on dirait qu'il est devenu inutile. Revient en revanche Alain Juppé qui avait juré ne plus prendre de p