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Libération

Le calice jusqu’à l’élite

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publié le 27 novembre 2010 à 0h00

Il n'y a pas de quoi fouetter un masochiste dans l'emploi du mot «pédophile» par Nicolas Sarkozy mais on voit bien ce que sa déclaration met en jeu : il ne s'exprime pas comme devrait le faire un président. Aujourd'hui où, de Jean-Marie Le Pen à Jean-Luc Mélenchon (ce qui ne suffit certes pas à les confondre), chacun s'en prend aux élites, Nicolas Sarkozy tient à marquer que, malgré son poste, il ne fait pas partie de cette minorité soudain abhorrée. Dès 2007, il s'est attaqué à la solennité de la présidence, que tout le monde trouvait effectivement exagérée, mais, de «Casse-toi, pov'con» en «Ben descends un peu le dire», il l'a fait avec un tel manque de tact et de mesure qu'on regrette la pompe d'antan. Ce qu'on comprend dans l'affaire de Karachi, c'est que ceux qui commissionnent et rétro-commissionnent, ce sont les élites, tandis que ce sont les masses qui explosent par l'intermédiaire de onze ingénieurs (il ne s'agit ici que d'élitisme national de sorte que les quatre autres victimes n'ont pas à être prises en compte). A la façon dont on traite désormais les élites, on ne sait plus si ce sont les serviettes ou les torchons. Pour en faire partie, il ne semble plus nécessaire d'avoir un esprit d'élite mais seulement une place d'élite. Les corps d'élite, il ne faut plus en faire partie mais en avoir un à soi. Cependant, quand on s'en prend aux élites, on ne s'attaque nullement aux prix Nobel, aux grands intellectuels ou aux artistes réputés. L'élite a per