Samedi
Kalachnikov, Keith, Karachi
Un ado tué à la kalachnikov, 29 mineurs disparus en Nouvelle-Zélande, 5 millions de malades du sida additionnels prévus en Afrique du Sud, même en cas de doublement de l’aide financière. Et toujours les rétrocommissions de Karachi, et toujours la condamnation de Sakineh. Avant, on avait le temps de respirer, même quand l’air était chargé de particules de charbon : le lundi c’était la peste, le mardi le choléra, le mercredi on faisait la guerre et le jeudi on revenait à des choses plus banales, comme le scorbut ou le botulisme. Souvent le dimanche, il ne se passait rien, juste le cousin qu’on amputait d’une jambe, parce que cet idiot se trouvait à côté de la charrette quand la roue s’est cassée.
Maintenant, tout arrive en même temps, et même quand c'est loin, on est au courant. Heureusement, il y a des nouvelles «amusantes» (je mets des guillemets pour éviter toute méprise) : le laboratoire Servier, accusé de 500 morts via le Mediator, dénonce un «complot peut-être destiné à embarrasser le gouvernement». Devedjian aussi parle de complot. Je note sur un carnet «Invoquer un complot, si mon livre ne se vend pas.» Je parle de tout ça parce que, depuis Voltaire, les écrivains ont le droit de dire ce qu'ils pensent sur tout. C'est un privilège qu'on partage avec les coiffeurs, un acquis social, le seul qui reste. On est loin de l'époque où le scribe venait juste après le pharaon et le grand prê