Des informations passent dans cette photo, et aussi quelques fictions. Supposons qu’on ne sache rien de ces deux protagonistes. A droite, un homme qui doit friser (ne serait-ce qu’au sens capillaire) la cinquantaine bien conservée et ici, bien mise, du moins selon le goût vestimentaire bourgeois moyen chic pas terrible mais bon. A gauche de Monsieur de Fursac, un homme plus jeune en parka à capuche, ourlée de fourrure.
Hors cette différence de génération et de style, ce qui intrigue, c’est l’activité en plein air et en plein jour à laquelle s’adonnent ces deux hommes. Le plus vieux a la mine soumise, les yeux baissés vers le sol. Il subit. Le second, le visage plus facétieux, agit. Il est ici surpris en train de tirlipoter l’oreille de son compagnon. Mais que se passe-t-il ? Le jeune a-t-il repéré dans le pavillon de Monsieur de Fursac un détail gênant, entre embouteillage de cérumen et alerte à l’otite ? Ce gars-là serait-il un médecin des rues pratiquant une opération «coton-tige surprise» visant à sensibiliser le public à la périlleuse profession d’ORL ? Ou serait-ce un visagiste conseil n’ayant pas pu résister à se jeter au hasard sur un passant pour rectifier, aux alentours de son oreille, quelque désordre dans la rouflaquette. A moins qu’il ne s’agisse d’une espèce de terroriste urbain en train d’introduire, dans le conduit auditif de sa victime, une mygale vivante. Dernière hypothèse, plus tendre, ce jeune est en train de régler le volume du Sonotone de son vieux, un