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Libération

Berlusconi, notre modèle à tous

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publié le 18 décembre 2010 à 0h00

Comme on pouvait le prévoir malgré les prévisions, Silvio Berlusconi est toujours en place. Il fut un temps où on reprochait aux dirigeants d’être à la solde du grand capital. Lui, ce serait injuste : il n’est pas à sa solde, il est le grand capital. Il a un exercice plus que solitaire, franchement personnel du pouvoir. Il n’est pas là pour protéger les riches avec un bouclier fiscal : il protège un riche, lui. Qu’on ait plein d’égards pour soi-même, tout le monde peut comprendre. C’est un maître, pas un esclave. Il est le seul à tout posséder sans avoir pour autant instauré de dictature : pour beaucoup, ce devrait être une leçon. Il n’a même pas eu besoin de vendre des sous-marins à Karachi ou des frégates à Taïwan. C’est son argent, c’est son pays. On n’est jamais mieux administré que par soi-même. Pour lui, les Italiens ne sont pas juste des électeurs, ce sont aussi des clients. Il aurait acheté le vote de certains députés ? Au moins, ce serait avec son argent - pas comme quand on s’attache un maire ou un député en couvrant sa région de subventions publiques ou qu’on fait entrer au gouvernement, emploi plus ou moins fictif, quelqu’un dont la vertu principale était de soutenir jusque-là un ennemi. On l’imagine en Don Camillo chantant sur l’air de Panzani : «Des putes, des putes, oui mais des députés.» Pourquoi la prostitution devrait-elle être l’apanage des prostituées ? C’est un droit de l’homme : les députés aussi peuvent palper. On ne concocte pas une bonne cuisine élec