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Libération

Buzz et business de l’indignation bien tempérée

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publié le 7 janvier 2011 à 0h00

Oui, je l’ai lu… Enfin, lu… Treize pages, c’est bien peu pour parler d’acte de lecture, mais, entre deux indignations, j’ai consacré à celle, étouffante, de Stéphane Hessel un bon quart d’heure d’attention appliquée. Je vous raconte. Entendez ça comme une façon de solder un compte de Noël.

L'affaire, il est vrai, avait mal commencé. Visitant en un service d'urgences hospitalières un mien ami victime d'un accident de rustine, j'avais vu débarquer une sienne amie qui, du maigrelet opuscule, avait contre un billet de vingt neuneus fait l'acquisition d'un lot de sept exemplaires d'Indignez vous ! que consciencieusement elle distribuait, ainsi qu'un témoin de Jéhovah ses bibles pour les nécessiteux. C'était à la veille de deux réveillons moroses, entre les vœux sécuritaires de Sarkozy à propos de délinquants «multiréitérants» (sic), et les résolutions du multiréitérant justiciable Hortefeux, à propos de voitures brûlées, dont le comptage abandonné le fut au profit de celui, plus moderne, des smartphones arrachés dans le métropolitain.

Mon exemplaire de l'universelle incitation à indignation fut récupéré dans le grand trafic des vœux rituels, cartes virtuelles, trocs de gueules de bois, cadeaux symboliques et autres joyeusetés saisonnières. De la lecture, donc, de ce bref manifeste social-chrétien, j'ai retiré un sentiment mitigé ; l'impression forte d'un inachèvement, d'abord, d'une confusion, ensuite, et, enfin, d'une contradiction. L'inachèvement tint beaucoup,