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Libération

Tunisie : ceux qui ont surtout voulu ne rien voir venir

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publié le 21 janvier 2011 à 0h00

Le parfum du jasmin

La «révolution du jasmin», disent-ils… Détestable appellation. En la voyant fleurir, à la veille de la fuite de Ben Ali et de sa clique rapprochée et avant même que ses sicaires du RCD se voient relégitimés dans ce gouvernement fantoche et mort-né d'«union nationale» n'ayant d'autre objectif que de confisquer pour mieux l'étouffer le processus révolutionnaire tunisien (salut et fraternité !), j'y reniflai cette odeur sucrée de la contre-révolution, toujours parée de bons sentiments et de seyants atours. Où l'on voit qu'à Tunis, mais aussi dans toutes les dictatures limitrophes, la nécessité invoquée de faire barrage au «fascislamisme», comme ils disent (Guess who !), même fantasmé, n'a pas fini de servir d'alibi à tous les matraqueurs de la démocratie.

Mardi, j'ai mieux compris la sorte d'allergie que m'inspirait la culture du jasmin à la sauce médiatique. Sarkozy partout présentait des vœux vides et de plus en plus désertés. Au Quai d'Orsay, ministre de tutelle, la régalienne Michèle «Tarnac» Alliot-Marie s'embourbait dans de misérables et ordinaires mensonges selon lesquels il n'avait jamais été question de réduire le peuple tunisien autrement qu'à coups de Bottin sur la tête. Tandis que son compère Juppé bafouillait une pathétique «sous-estimation» de la «crise» (sic) tunisienne, je supputais, en recensant de multiples suicides et tentatives à Rabat, au Caire ou à Alger, l'hypothèse de sa