Samedi
Enfance en marge
Ce matin, je me suis réveillé sous la neige à Matelica, un village dans le centre de l'Italie. Je dois y rencontrer deux cents lycéens. Les profs leur ont fait lire mon livre Dans la mer il y a des crocodiles, et ils m'ont invité à parler avec eux. Cela fait des mois désormais que je voyage à travers l'Italie. J'ai rencontré des milliers d'élèves et je ne m'en lasse pas. Leur énergie, leurs regards, la curiosité spontanée et inquiète qui les anime m'ont insufflé une confiance ténue en l'avenir. Bien sûr, ils ne sont pas tous comme ça. Mais une large majorité d'entre eux m'écoute avec attention. De quoi je leur parle ? D'immigration, de réfugiés politiques, de l'Afghanistan. Je leur parle d'accueil. D'une enfance vécue dans les marges. D'une société fondée sur l'écoute et qui, lorsqu'elle rencontre un migrant, ne lui demande pas de montrer ses papiers mais de raconter son histoire, de la partager. Je demande à ces jeunes : quelle force aurait-elle, une société comme celle-là ? Une très grande force, a répondu ce matin un garçon de 14 ans.
Dimanche
La question qui fait mal
Hier soir, en train, en revenant de Matelica, j'ai rencontré deux jeunes Suédois qui se rendaient à Turin. Je dois vous dire que je vis à Turin (j'y suis né) et que je suis amoureux fou de ma ville. Nous avons bavardé et je leur ai donné quelques conseils sur ce qu'il fallait voir et ne pas voir, sur les