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Libération

Très à l’ouest du Caire

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La Semaine de Guillermo Martinez.
par Guillermo Martinez
publié le 12 février 2011 à 0h00

Samedi

Qu’elle se sente fière

Barbecue dans un country club à l’invitation de l’écrivaine C.P. avec deux autres auteurs et trois journalistes de bords opposés, tous liés d’amitié à l’occasion d’un séjour à la foire du livre de Francfort. L’entrée au country club ressemble à un contrôle aux frontières : examen des papiers, vérification des noms sur une liste, ouvertures des coffres… Partie de tennis l’après-midi. Tout le monde est surpris par les frappes impeccables de notre fille Julia (5 ans). Je raconte que je lui envoie des balles depuis qu’elle a 3 ans et qu’elle a suivi toute l’année des cours avec un entraîneur. Cela déclenche un débat. Est-ce que je veux en faire une championne ? Comment puis-je savoir si elle aime vraiment jouer ou si c’est pour me faire plaisir ? Non, je ne veux pas en faire une championne. Je veux qu’elle apprenne à bien faire une chose. Qu’elle suive le long apprentissage de la patience et de la concentration, des progrès et des retours en arrière nécessaires pour maîtriser tous les coups. Qu’elle se sente fière (et elle l’est) de savoir quelque chose. J’expose une de mes vieilles idées en matière d’éducation : dans les écoles, jusqu’à l’âge de 8 ans, on devrait surtout apprendre aux enfants le sport, la musique et les langues. Plus d’échecs que de maths, de lecture que de grammaire. Je dis cela entre deux plaisanteries et personne ne sait s’il faut me prendre au sérieux. A l’heure des biscuits, la question iné