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Libération

«On était sûr que c’était sûr»

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publié le 19 mars 2011 à 0h00

«Si on aurait su, on aurait pas venu» : l'actualité décline la phrase de la Guerre des boutons. Les dirigeants de Renault se seraient abstenus de diffamer leurs cadres s'ils avaient été assurés de leur innocence. Nos diplomates n'auraient peut-être pas reconnu le gouvernement ultra-provisoire libyen s'ils avaient imaginé un retournement en faveur de Muammar al-Kadhafi. Et les Japonais auraient une autre organisation de leurs centrales nucléaires si on les avait prévenus de ce qui arrive aujourd'hui. Mais les dirigeants automobiles ont été roulés dans la farine et pédalent désormais dans le yaourt. On avait soutenu trop longtemps Ben Ali et Moubarak, mais on a peut-être lâché Kadhafi un peu trop tôt. Dommage d'avoir tenu des décennies pour rien, maintenant que les entreprises françaises vont être défavorisées. La France a gelé prématurément les avoirs du colonel et risque de se prendre une bonne dégelée d'avoirs libyens. A moins que, grâce à Alain Juppé et l'ONU, on mette fin à l'aspect nucléaire du colonel, qui semble durer éternellement avec des irradiations meurtrières. Au pire, tant pis. Kadhafi, on peut toujours se réconcilier avec lui : on le sait puisqu'on l'a déjà fait.

Le mot «civil» a perdu de son caractère rassurant dans l'expression «nucléaire civil». Les dirigeants japonais étaient certains de la sécurité de leurs centrales. «On était sûr que c'était sûr.» Mais une seule chose est sûre et certaine avec le nucléaire : quand ça merde, ça