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Libération

Côte-d’Ivoire, la descente aux enfers

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Véronique Tadjo.
par Véronique Tadjo, Ecrivaine et universitaire franco-ivoirienne
publié le 16 avril 2011 à 0h00

Samedi

Colère cachée

J'aime cet endroit. Il y a des jeunes filles en jeans qui discutent nonchalamment, des enfants qui jouent au ballon, des oiseaux qui annoncent le jour et la nuit bien calés dans des manguiers en fleurs. Ici, c'est comme chez moi, pareil à l'un des quartiers populaires d'Abidjan. Depuis plusieurs jours, je me trouve à Buea, dans l'ouest du Cameroun. J'anime, avec l'écrivain soudanais Jamal Mahjoub, un atelier d'écriture pour The Caine Prize for African Writing. Côté communications, ça ne marche pas. Pourtant, Buea est une ville universitaire de 12 000 étudiants et les cybercafés sont pleins. Vu que nous n'avons pas de télévision dans le centre où se tient l'atelier, c'est ma petite radio FM qui me sauve. L'une des participantes camerounaises me demande comme si elle réfléchissait tout haut : «Mais sommes-nous si différents de vous ? Récemment, nous avons connu de violentes émeutes contre la cherté de la vie. La peur a couru les rues. Où se cachait donc tant de colère ?»

Dimanche

«Demain sera meilleur»

Départ de Buea par la route, arrivée à l'aéroport de Douala. La moitié du bâtiment est en rénovation. Avant de passer la sécurité, devant moi, un panneau : «ADC travaille pour votre confort. Demain sera meilleur. Stop.» Je songe à Gbagbo, terré dans le sous-sol de la résidence présidentielle. Un bunker, une véritable forteresse. Alors que la France et l'ONU lui demandent de signer un document selon lequel il doit renoncer au pouvoir et accepter