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Libération

Les valises de l’exode

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publié le 4 juin 2011 à 0h00

Des Yéménites fuyant les combats actuellement en cours entre la ville de Zinjibar (sud du pays) et Sanaa, la capitale. Cet instantané, un classique de l'exode, pose la question de ce qu'on emporte quand il faut fuir, comme ici, en quatrième vitesse. Cocteau à la question «qu'est-ce que vous emporteriez s'il y avait le feu chez vous ?» répondit, impayable dandy farceur : «Le feu.» On voit dans la circonstance yéménite que même s'ils l'ont aux fesses, ces fuyards ont préféré laisser le feu à la maison.

En France, où la question de l’exode massif ne se pose plus depuis l’été 1940, on ne peut qu’imaginer, tout en présumant l’ampleur du grand embouteillage si, forcés dans leurs terriers urbains, les rats des villes voulaient détaler dans les champs. Sur cette route yéménite, la circulation semble nettement plus fluide. Ce qui semblerait induire qu’être motorisé au Yémen est encore un privilège. Le véhicule utilisé est un de ces engins dits tout-terrains dont on ne sait plus trop comment il faut les appeler (jeep, 4x4, wagon car, Hummer ?), tant l’industrie automobile multiplie à l’envi les différentes versions du même fantasme (Indiana Jones passe son permis aventure) pour le même effet d’aspirateur à pépettes. Rapporté au niveau de vie moyen d’un Yéménite, on aimerait connaître le prix de cet engin. Ce qui ne veut pas dire que tous ses passagers sont des millionnaires. Cet agglutinement où, apparemment, même en rappel sur les pare-chocs, il n’y a plus l’ombre d’