Le jour de la fermeture de la chasse, Jules, Jim et leur chérie, Jane, rasent d’un vol joyeux mon toit en me disant coin-coin, font une boucle et amerrissent dans l’Automne, le bec face au courant. C’est ainsi chaque année, comme si ces trois colverts avaient lu les actes municipaux. La première fois, je n’ai vu que deux mâles barbotant dans l’eau vive, mais dès le premier morceau de pain lancé, Jane a surgi telle une torpille de sous un couvert d’orties pour leur ôter le pain du bec au cœur d’une gerbe d’eau. Nul n’a protesté : elle est leur moitié, leur canette, et dans sa tenue praline et chocolat, l’œil cerclé d’un trait de khôl, elle est la plus jolie du coin.
Le lendemain, même heure, même lieu, le trio est là. Et les jours d'après aussi, chaque fois plus proche pour la becquée. Jane s'y révèle d'une vivacité confondante. J'ai beau jeter les morceaux vers le bec des garçons, la vorace parvient à leur subtiliser. Jim est le plus timoré, en retrait, une multitude de points d'interrogation dans l'œil, il tergiverse du col et du popotin, tandis que Jane, véritable aspirateur, amasse. Une fois la baguette avalée, elle me regarde dans les yeux et dit : «Coin-coin ! C'est fini ?» M'ayant sondé, elle tourne palmes et s'en va, suivie de ses amoureux, trois croupions rassasiés qui font oui, qui font non.
Le matin, ils se postent en rang d’oignon sur une poutre en chêne devant ma porte. L’œil le plus sagace est celui d’ambre de la polissonne. L’après-midi, ils font la sies