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Libération

Fulgurances nocturnes à Montréal

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La Semaine d'Hervé Le Tellier.
par Hervé Le Tellier
publié le 24 septembre 2011 à 0h00

Samedi

Trois mots électriques

Tordons le cou à un cliché : celui de l'auteur solitaire dans un salon du livre. Le salon est au contraire un lieu où le hasard des voisinages, s'il ne fait pas toujours naître des amitiés, crée souvent des complicités joyeuses et improbables : je sors peu il est vrai, mais où, sinon au Livre sur la Place, à Nancy, allée B stand 12, aurais-je pu croiser le jeune et délicieux Charles Consigny, homosexuel, ex-cocaïnomane - son livre en parle, je ne dévoile rien -, mais surtout militant UMP enthousiaste ? Nadine Morano passe, il file la saluer, revient à la table, ravi. Si, si. Nobody's perfect. Je signe aux côtés de Delphine de Vigan. L'honnêteté m'oblige à dire que c'est plutôt Delphine qui signe, sans relâche, et que le libraire remplace moins souvent la pile d'Eléctrico W. Tiens, pile, Eléctrico, W, trois mots électriques. Notre conversation se ressent, pour dire le moins, du flux continu de ses futurs lecteurs.

Je repense à un Salon du livre à Paris : dernier jour, dernière heure, je dédicaçais un dernier livre. Le directeur commercial de la maison vient vers moi, souriant : - «Vous voulez emmener quelques livres, Hervé ? - C'est possible ? - Aucun problème, puisque tout part au pilon. - Tout ? - Oui, tout.»

Je regarde autour de moi, pétrifié. Combien de livres, dix mille, vingt mille ? C’est vrai : au prix du papier, ranger coûtait plus cher que jeter. Un cours d’économie et une le