Leurs mésaventures onusiennes montrent que, pour que les Palestiniens aient un Etat, il est d’abord urgent qu’ils n’en aient pas. C’est une condition mystérieusement nécessaire mais manifestement pas suffisante puisque ça fait des décennies qu’ils la remplissent sans que rien ne change. Le processus de constitution d’un Etat est comme le processus de paix, interminable. Pour avoir un Etat, il ne faut surtout pas le demander. Déjà, ce serait plus poli. Et puis, c’est toujours plus habile de jouer l’indifférence. «On s’en fiche, ça nous est bien égal d’avoir un Etat, on est au-dessus de ça.» Les Palestiniens font partie de ces peuples qui s’échinent à ne pas voir leur bien même quand on le leur explique (et Dieu sait que ça fait un moment qu’on se démène à leur expliquer), comme les Tunisiens, les Egyptiens et les Libyens qu’il a fallu convaincre des années durant que leur vie ne serait pas meilleure sans Ben Ali, Moubarak et Kadhafi. On a concédé une Autorité palestinienne mais, de toute évidence, on se sent plus à l’aise avec une soumission palestinienne. Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, c’est aussi celui de se voir répondre : «C’est ça. Disposez, maintenant» quand ils veulent en user.
C’est comme pour le nucléaire, l’ONU doit lutter contre la prolifération des Etats. A qui ce serait le tour, après ? Aux Kurdes ? L’ONU ne veut pas mettre le doigt dans l’engrenage. Là- bas, on est bien placé pour savoir qu’un Etat n’est pas quelque chose à laisser entre toutes les