Au rythme où vont les affaires, bientôt aucun policier ni aucun homme politique ne pourra plus avoir d’amis. On les soupçonne d’avoir des amis aussi fictifs que des emplois, comme si la realamitié dominait le monde. Y aurait-il un délit d’amitié ? En tout cas, plus personne ne semble bénéficier de la présomption d’amitié. Comme si c’était juste pour passer du temps sur des yachts de luxe, avec à boire et à manger à volonté et quelques à-côtés, que Jean-François Copé était lié avec Ziad Takieddine. Mais peut-être qu’ils auraient eu les mêmes relations dans un camping perdu si l’homme d’affaires libanais avait eu un destin financier différent. Et quand un ami africain offre une valise comme cadeau, devrait-on avoir la grossièreté de l’ouvrir avant de l’accepter, comme si ce n’était pas le geste qui comptait avant tout ? «Regarde, chérie, ce que notre ami nous a apporté aujourd’hui. Eh non, ce ne sont pas des dattes. Mais je n’ai pas voulu le vexer, il est tellement soupe au lait. Et puis, c’est un ami de la France.» D’autant que certains amis se révèlent ingrats : regardons Muammar al-Kadhafi, qui brutalement nous a beaucoup déçus.
Quand on se souvient que l’affaire Bettencourt est née parce que la fille de la milliardaire s’inquiétait que sa mère soit trop amie avec François-Marie Banier, on se dit que voici une amitié qui a fait boule de neige. Et la primaire socialiste, on dirait un match de tennis amical : pas de smash, pas d’amorti, tout le monde du même côté du filet pour