Sur cette photo dite de «campagne», prise le jeudi 6 octobre au sortir d'un meeting, Ségolène Royal ne sait pas encore qu'elle va se prendre le dimanche suivant le plus violent râteau de sa carrière politique. Cette soirée de soutien à sa candidature à la primaire socialiste avait lieu dans la salle de spectacle parisienne le Bataclan. Ségolène Royal aurait dû en prendre acte et se méfier. Le bataclan, qui généralement ne voyage dans le vocabulaire familier que précédé de ses copains «et tout…», désigne, un attirail embarrassant composé d'objets dont on veut se dispenser de donner le nom. Exemple extirpé de la correspondance de Flaubert : «Ta bonne maman ne pourra pas être à Dieppe dimanche. Il lui faudra, au moins, un jour ou deux pour resserrer tout son bataclan.» Synonymes : bazar, foutoir, saint-frusquin. Quel bastringue en effet autour de la socialiste la mieux détestée par ses meilleurs amis.
Ce qui frappe c'est la couleur, rouge, de sa veste, et le bouquet, de fleurs, dans sa main droite. Rouge comme la gauche et le diable, probablement. Mais c'est le bouquet qui compte, comme dans l'expression «c'est le bouquet». Pas terrible se dit-on : sept roses (la rose, Ségolène, tu penses !) et beaucoup trop de verdure à deux balles pour faire touffu-cossu. Ça sent la composition florale achetée vite fait-tout prêt par un fan (à moins qu'il n'y ait au PS un emploi jeune préposé aux bouquets ?). En même temps, il y a quelque chose de sympathique dans ce