SAMEDI
Le nacre de l’ail
Terminé ce matin la lecture d'un manuscrit. Lire n'est qu'une première étape. L'essentiel tient dans la note de lecture, rapide ou très détaillée, qui me fait comprendre ce que je pense du texte. Tant que mes impressions ne sont pas formulées par écrit, il me semble que mon avis reste flottant, indécis, vulnérable. Ce soir, après une cuisine des derniers légumes du jardin - le luxe des aubergines grillées, complimentées par la nacre de l'ail et la ronde des tomates sur le bord de l'assiette, avec l'assistance médicale d'un bourgueil de chez Pierre Caslot - nous avons regardé laChevauchée fantastique. Dans le film de Ford, un banquier s'exclame : «N'oubliez pas, messieurs, que ce qui est bon pour la banque est bon pour la nation !» Peu de temps après, il se tire avec la caisse.
DIMANCHE
Virus géants
En attendant le résultat du vote de la primaire, je feuillette le supplément hebdomadaire d'un journal de référence devenu support publicitaire pour joailliers de la place Vendôme, maroquiniers hors de prix et pourvoyeurs d'objets inutiles. En couverture, Steve Jobs, rock star défunte. «Ce n'était pas du capitalisme, c'était de l'art», a dit quelqu'un. Le génie de Jobs a principalement consisté à faire croire qu'il vendait des machines réellement différentes des autres. Dans le quotidien, un autre titre : «La famille des virus géants s'élargit.»