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Libération

Guerres et paix

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Sorj Chalandon.
publié le 29 octobre 2011 à 0h00

Samedi

Parler à son ennemi

ETA a déposé les armes. Les peuples basques et espagnols ne souffriront plus de la violence politique. Tout à l'heure, regardant la foule immense qui réclamait «une solution politique» dans les rues de Bilbao, j'ai vraiment réalisé. C'est rare, une larme de joie. Et aussi douloureux qu'une larme de tristesse parce que le cœur entre à part égale dans la fabrication des deux. Pour autant, rien de ce que j'ai lu ou entendu aujourd'hui ne m'a convaincu. Aucun des mots célébrant une victoire de Madrid ne m'a convenu. Si de rudes coups ont été portés aux clandestins, ETA n'a pas été défaite, ni vaincue. Pas plus qu'ETA n'a défait ou vaincu l'Etat espagnol. Aucun des deux adversaires n'a mis le genou à terre. Il ne faut pas confondre volonté politique et reddition militaire. Ceux qui emploient la violence, comme ceux qui la combattent, savent qu'il suffit de deux mains, d'un peu de désherbant et d'une pincée de sucre pour préparer une bombe.

Ces mains sont menottées ? D'autres se remettent au travail. C'est à cette course sans fin qu'ETA vient de mettre un terme. Non parce qu'il n'y avait plus de mains, de désherbant ou de sucre, mais parce qu'il était temps pour les nationalistes basques de lancer à l'Espagne un véritable défi démocratique. Il est plus facile de scander «halte au terrorisme» que d'ignorer une aspiration pacifique. Or que criait la foule, samedi à Bilbao ? «Indépendance !»

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