Tout le monde semble horrifié par les réactions que la pièce de Romeo Castellucci, Sur le concept du visage du fils de Dieu, a suscitées chez les groupes de catholiques intégristes. Après que la justice les a déboutés de leur demande d'interdire sa représentation au Théâtre de la Ville, ils n'onteu de cesse de manifester, avec des œufs, des cris, de l'huile, des interruptions, des insultes voire des voies de fait, à quel point ils trouvaient cette pièce «christianophobe». Indigné, le directeur du théâtre, Emmanuel Demarcy-Mota, rédigea une pétition, dont la liste de signataires ne cesse de s'allonger et dans laquelle il est dit, entre autres choses, que «ces comportements relèvent à l'évidence du fanatisme, cet ennemi des Lumières et de la liberté contre lequel, à de glorieuses époques, la France a su si bien lutter. […] Ces groupes d'individus s'empressent en outre de décréter blasphématoire, de façon automatique, des spectacles qui ne sont dirigés ni contre les croyants ni contre le christianisme». Pour conclure, la pétition invoque «la liberté d'expression, la liberté des artistes et la liberté de pensée» que ces groupes menaceraient par leurs agissements.
Certes, ces chrétiens outragés sont loin d'être sympathiques, et n'importe quel citoyen qui tient à la préservation de nos libertés tremblerait à l'idée qu'ils prennent un jour le pouvoir. Or, malheureusement, ceux qui les attaquent ne semblent pas se faire une idée très précise des libertés au