Le propos nous est tombé sur la tête, la semaine dernière, avec l'annonce de l'imminente démission de Silvio Berlusconi, et nous sommes tombés de l'armoire. C'était à l'orée d'un éditorial du révérend Monde, le quotidien que ça ne rigole pas si souvent. Je cite : «En somme, les marchés ont réussi là où la gauche italienne a échoué.» Une blague, un paradoxe rhétorique, une provocatrice façon d'accrocher le lecteur ? Que nenni ! Le confrère économique les Echos l'avait le matin suggérée, et le soir même (ce que c'est que la parole autorisée, hein…), la proposition était élevée par toutes sortes de bavards au statut de doxa. Par sa grâce, «les marchés», tombeurs du diabolique bouffon président du conseil italien, étaient devenus vertueux.
Quoi ! Les marchés honnis, leurs agences de notation ripoux, leurs officines de blanchiment, leurs clubs de banquiers spéculateurs et leurs mafias ayant pignon sur plage dans les paradis fiscaux, tous les brigands qu’on prétendit aveugles à la crise des subprimes et sourds à celle des dettes souveraines quand ils organisaient l’une et l’autre, allaient nous sauver la mise avec l’Union européenne ? Il fallait pour ce faire, non pas la capitulation en rase campagne des Etats, mais leur consentement bienveillant. Pour celui des peuples, on avait bien compris, depuis le renoncement grec au référendum (cette chose étrange qui violente la démocratie au profit des «extrêmes»), qu’on s’en passerait.
Ainsi changea la donne et t