Et voilà que les choses sérieuses commencent. En attendant demain d’autres plans de rigueur, le taux de chômage, notamment, établit que «la crise» est devenue une réalité, et pas seulement ce désastre potentiel que des discours mensongers, auxquels il était convenu de faire semblant de croire, tentaient de conjurer - absurdement. La crise, dont il n’importe plus de déterminer si elle est de la dette ou de l’euro, de l’Europe ou du système, est désormais globale, économique ET sociale, et perceptible dans tous les domaines de la vie publique. De «faits divers» extraordinaires qui en sont les épiphénomènes en démantèlements du travail, de l’enseignement, de la santé et des législations à prétextes sécuritaires qui en constituent la quotidienne essence, elle touche à l’os, elle appuie et ça fait mal.
Elle rend fous, aussi, les Etats et les peuples, ramenés, les uns à leurs frilosités nationales, les autres à une impuissance désespérée. Ainsi nous découvrons-nous tour à tour grecs, italiens, espagnols ou belges, et pourtant peu enclins à faire ce choix que «les marchés» imposent, entre la hache et la corde, entre rigueur et rigueur, entre Nicolas Sarkozy et François Hollande. Et tandis que s’approche l’échéance présidentielle qui tout organise, s’éloigne sa fonction tribunicienne, dans le délitement du discours politique. Le candidat sortant de la droite fait campagne de tout bois, de la «bougie» écologiste brandie contre une hypothèse de réduction de l’énergie nucléaire, jusqu’à