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Libération

La sécurité réenchantée

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publié le 3 décembre 2011 à 0h00

Le nucléaire depuis Fukushima, l’euro depuis la Grèce, la crise depuis l’euro, sans compter les voyous, racailles et autres sauvageons habituels : on est agressé de toutes parts. Le fameux sentiment d’insécurité, on est dedans à fond. On se croirait au cirque et que les nouvelles inquiétantes tombent comme à Gravelotte. Les tigres n’ont rien mangé depuis trois jours, la partenaire du trapéziste vient de découvrir que l’acrobate a une autre amante, l’écuyère est dans le plâtre mais ne renonce pas à son numéro, le contorsionniste a un lumbago, l’homme le plus gros du monde finit juste de manger le lama, le jongleur a la turista, on a égaré la baguette du magicien et le lanceur de couteaux a la cataracte, de sorte que le clown vient de s’en prendre un dans le ventre. Là-dessus on apprend que le directeur a omis de payer les cotisations sociales depuis des années et que les sorties de secours sont condamnées. La charmeuse de serpents fait une annonce : «Si quelqu’un retrouve Bibi, qu’il le ramène à la caisse. Il fait peur mais il n’y a rien à craindre si on sait bien le prendre.» Madame Martin demande qu’on aille chercher le pingouin qui est chez elle (et qui sent mauvais). Et, autour du chapiteau, il y a, comme dans toute campagne, des bonimenteurs vantant leur élixir de sécurité.

Des jours de carence ont déjà été institués pour la sécurité : l’Etat ne nous protège plus qu’un mois sur deux. Bientôt, il y aura des manifestations où le slogan sera : «De la sécurité ou on casse to